RGPD: le point sur les nouvelles responsabilités des sociétés

Depuis son entrée en vigueur en mai 2018, le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) a marqué un tournant majeur dans la manière dont les entreprises traitent et protègent les données personnelles de leurs clients, employés et partenaires. Cet article se propose d’examiner les principales responsabilités des sociétés en matière de protection des données et de mettre en lumière les enjeux juridiques liés à leur mise en conformité avec cette réglementation.

Les principes fondamentaux du RGPD

Le RGPD repose sur plusieurs principes fondamentaux, parmi lesquels :

  • la licéité, loyauté et transparence du traitement : les données doivent être collectées et traitées de manière licite, équitable et transparente vis-à-vis des personnes concernées ;
  • la limitation des finalités : les données doivent être collectées pour des finalités déterminées, explicites et légitimes, et ne peuvent être traitées ultérieurement de manière incompatible avec ces finalités ;
  • la minimisation des données : seules les données pertinentes, adéquates et limitées à ce qui est nécessaire pour atteindre les finalités poursuivies peuvent être collectées ;
  • l’exactitude des données : celles-ci doivent être exactes et, si nécessaire, mises à jour ;
  • la limitation de la conservation : les données ne peuvent être conservées que pendant la durée nécessaire pour les finalités pour lesquelles elles sont traitées ;
  • l’intégrité et la confidentialité du traitement : les données doivent être traitées de manière à garantir leur sécurité, notamment en protégeant contre les traitements non autorisés ou illicites et contre la perte, la destruction ou les dégâts accidentels.

Les nouvelles obligations des entreprises

Pour se conformer au RGPD, les sociétés doivent mettre en œuvre une série de mesures visant à assurer le respect de ces principes. Parmi ces obligations figurent :

  • la désignation d’un responsable de la protection des données (DPO) : cette personne est chargée de veiller à la conformité des traitements de données au sein de l’entreprise et doit être en mesure d’informer et conseiller les responsables du traitement sur leurs obligations légales ;
  • la tenue d’un registre des traitements: ce document doit recenser l’ensemble des traitements de données personnelles effectués par l’entreprise, ainsi que leur finalité, leur base légale et leur durée de conservation ;
  • la mise en place d’une méthodologie d’évaluation des risques: avant de procéder à un traitement susceptible d’engendrer des risques élevés pour les droits et libertés des personnes concernées, l’entreprise doit réaliser une analyse d’impact sur la protection des données (AIPD) pour identifier les mesures à mettre en œuvre afin de maîtriser ces risques ;
  • la mise en place de mesures de sécurité techniques et organisationnelles : ces mesures doivent être adaptées au niveau de risque présenté par les traitements, et peuvent inclure, par exemple, le chiffrement des données, la pseudonymisation ou l’anonymisation des données, ainsi que la mise en place d’un plan de continuité d’activité en cas d’incident.

Les sanctions encourues en cas de non-conformité

Le RGPD a instauré un régime de sanctions administratives particulièrement dissuasif pour les entreprises qui ne respecteraient pas leurs obligations en matière de protection des données. Les autorités nationales de contrôle, telles que la CNIL en France, peuvent ainsi prononcer des amendes dont le montant peut atteindre :

  • 10 millions d’euros ou 2 % du chiffre d’affaires annuel mondial total pour les manquements aux obligations relatives à la sécurité et la confidentialité des données, à la notification des violations de données ou au respect du code de conduite ;
  • 20 millions d’euros ou 4 % du chiffre d’affaires annuel mondial total pour les manquements aux principes fondamentaux du RGPD, tels que le consentement, l’accès aux droits des personnes concernées ou le transfert de données hors de l’Union européenne.

Les bonnes pratiques pour assurer sa conformité au RGPD

Afin de minimiser les risques liés à la non-conformité au RGPD, les entreprises sont invitées à adopter une série de bonnes pratiques, telles que :

  • la formation et la sensibilisation du personnel aux enjeux de la protection des données et aux obligations du RGPD ;
  • la révision et l’actualisation régulière des politiques internes en matière de protection des données ;
  • la mise en place d’un mécanisme de réponse aux incidents, permettant de détecter, signaler et remédier rapidement aux violations de données ;
  • la vérification régulière du respect des obligations légales par les sous-traitants et les partenaires commerciaux, notamment dans le cadre des transferts internationaux de données.

Ainsi, la mise en conformité avec le RGPD constitue un enjeu majeur pour les entreprises, qui doivent prendre en compte à la fois les aspects juridiques, techniques et organisationnels liés à la protection des données. En adoptant une approche proactive et responsable, elles pourront tirer parti de cette réglementation pour renforcer la confiance de leurs clients et partenaires tout en limitant leur exposition aux risques juridiques et financiers.